Représentations culturelles de l’Iran en France

L’objectif de ce séminaire est de partir de l’analyse de la transmission et de la diffusion de la culture iranienne en France, pour en identifier les principaux acteurs, et développer une réflexion plus vaste sur la formation des représentations culturelles de l’Iran en France.

Il s’agira donc d’un travail de géographie, puisque les représentations que nous avons d’un espace politique contribuent à le définir, de sociologie politique, puisqu’il s’agit d’une enquête sur une catégorie précise d’acteurs, et, enfin, de relations internationales, car les séances seront traversées par une réflexion sur les concepts de “diplomatie culturelle” et de “soft power”.

Réflexions sur la diffusion de la culture iranienne en France

Le premier objectif de ce cycle est de d’interroger les intervenants non comme spécialistes, mais comme personnes ayant joué un rôle dans la transmission d’une culture et dans l’évolution des représentations qu’elle diffuse. On proposera donc à des producteurs de cinéma iranien, à des organisateurs de concerts, à des traducteurs, de parler de leur parcours, des personnes avec lesquels ils ont pu travailler, des obstacles qu’ils ont pu rencontrer, des évolutions politiques qu’ils ont connues.

Nous pourrons ainsi tirer de chaque séance de précieuses archives, que nous souhaitons compiler en fin d’année dans un format qui conviendra aux intervenants. Ces séances seront donc une enquête sociologique qui permettra de donner une place dans l’histoire à des acteurs dont l’importance et la nature du travail n’est pas toujours publiquement connue.

Le second intérêt de ce cycle réside dans l’importance accordée, par l’Iran comme par la France, à la diplomatie culturelle, qu’elle soit directe ou indirecte. Pour les sujets qui nous concernent, le soutien français à certains artistes iraniens prend effet une forme souvent politique, tandis que l’Iran utilise logiquement sa culture internationalement reconnue et appréciée comme un outil de soft power.

Et pourtant, cette dimension purement diplomatique et politique au sens étatique du terme ne sera que l’arrière-fond de notre parcours, puisque nous nous intéresserons aussi à des acteurs non-étatiques, aux festivals, aux institutions, aux maisons d’édition, aux producteurs de cinéma, dont les choix ne sont pas déterminés uniquement par des politiques nationales. Ces séances seront donc l’occasion d’essayer de donner à la “censure”, au “soutien à des artistes étrangers”, aux “collaborations” à la “diplomatie culturelle”, au “soft power” des significations concrètes, agrémentées d’exemples, et incarnées par des personnes qui en sont la première réalité.

Réflexion sur les politiques culturelles iraniennes

Ce point de départ permettra d’aborder des questions plus directement politiques. En effet, s’interroger sur les parcours de ceux qui ont permis la diffusion de films en France, l’échange d’étudiants et d’universitaires, l’édition de classiques de la littérature iranienne, ou encore l’organisation de spectacles de musique ou de théâtre iranien en France nous aménera indubitablement à examiner des questions des institutions culturelles iraniennes avec lesquelles ont travaillé ces personnes.

Séances passées

Le 12 octobre, Hamed Fouladvind, professeur de littérature française à l’Université de Téhéran, a présenté sa traduction de poèmes choisis de Hâféz, Hâféz de mon coeur, dans une édition bilingue.

Le 12 novembre, Marin Karmitz, fondateur de la société Mk2, est revenu sur sa relation amicale et professionnelle avec Abbas Kiarostami, et sur son rôle comme producteur et distributeur du cinéma iranien.

Le 07 décembre, Sorour Kasmaï, auteure, traductrice, et directrice de collection chez Actes Sud, est revenue sur l’histoire de l’édition de la littérature moderne iranienne en France, sur la naissance de l’intérêt pour la musique savante iranienne dans les années 80, et sur le travail d’écriture en deux langues, française et iranienne.

Le 28 mars, Rose Issa, commissaire d’expositions, organisatrice de festivals, auteur de livres, éditrice et directrice de galerie, est revenue sur son action culturelle d’une étonnante diversité, et d’une précocité remarquable, dès les années 1980, dans le cinéma, les arts visuels, et l’art contemporain, en provenance des mondes arabes et iraniens.

Bibliographie indicative

Dabashi, Hamid, Persophilia, Harvard University Press, 2015.

Devictor, Agnès, Politique du cinéma iranien - de l’ayatollah Khomeyni au président Khatami, CNRS éditions, 2004.

Kazerouni, Alexandre, Le Miroir des Cheikhs, PUF France, 2015.